Cher lecteur, chère lectrice,
La performance moyenne du Bitcoin depuis dix ans est de +77% par an.
Cela en fait, de très loin, le placement financier le plus performant de l’histoire.
A titre de comparaison, la performance moyenne du CAC 40 depuis dix ans est de +8,4%.
En parallèle, le Bitcoin s’est imposé comme un placement (et une technologie) incontournable dans le paysage économique mondial.
Et les gouvernements, qui ont longtemps ignoré ou combattu le Bitcoin ces dernières années, retournent leur veste en ce moment-même.
Cet article devrait vous donner une idée claire de la suite des événements, et vous permettre d’en profiter en prenant un coup d’avance face au reste du marché.
Comment le Bitcoin redessine les règles du pouvoir mondial
En 2024, Vladimir Poutine a officiellement annoncé que la Russie utilisait le Bitcoin pour les paiements internationaux.
Source : Les Echos
Cette décision du Kremlin vise en premier lieu à contourner les sanctions économiques imposées par les États-Unis et l’Europe.
Peu importe ce qu’on pense de la Russie et de Poutine, cela montre l’ampleur qu’a pris le Bitcoin ces dernières années.
En parallèle, Donald Trump a annoncé qu’il pourrait constituer une “réserve stratégique nationale de Bitcoin” :
Source : Le Grand Continent
Et il a déclaré à plusieurs reprises vouloir “faire des Etats-Unis la capitale mondiale des cryptos”.
Avouons-le : on est loin du truc de geek dont parlait encore les médias mainstream il n’y a pas si longtemps.
Pour comprendre pourquoi le Bitcoin joue maintenant un rôle aussi central dans l’échiquier mondial, il faut revenir un tout petit peu en arrière :
A l’origine de la domination du dollar américain.
En 1944, le dollar est indexé à l’or, et toutes les autres monnaies sont à leur tour indexées sur le dollar (accords de Bretton Woods).
Ainsi, chaque dollar en circulation correspond à une petite quantité d’or qu’est censé détenir le gouvernement américain.
Cet « étalon-or » garantit des conditions stables et équitables pour le commerce international, et permet de stabiliser l’économie après la guerre.
A l’époque, les États-Unis assurent la garde de l’or pour de nombreux pays étrangers et détiennent la majorité des réserves mondiales.
Puis arrive la guerre du Vietnam…Pour financer une guerre coûteuse qui s’éternise, les États-Unis décident d’imprimer de l’argent sans disposer de nouvelles quantités d’or.
Certains pays commencent à réaliser que les États-Unis ne possèdent plus les réserves d’or nécessaires pour couvrir tous ces nouveaux dollars en circulation.
Charles de Gaulle est le premier à se rendre compte de cette situation.
Il déclare en 1965 que le dollar n’est pas « un moyen de commerce impartial et international […] Il s’agit en fait d’un instrument de crédit réservé à un seul État ».
En 1971, le président français prend une décision radicale et envoie un navire de guerre à New York pour récupérer l’or de la France.
D’autres pays commencent à échanger leurs dollars contre de l’or, et certains bureaux de change refusent même d’accepter le tout-puissant dollar pendant quelques jours.
En effet, si chaque pays avait réclamé son or, les Etats-Unis n’auraient pas eu assez de réserves pour convertir tous les dollars en or.
Face à ce dilemme, le président américain Richard Nixon prend le monde entier par surprise lors d’une conférence télévisée, alors que les marchés sont fermés.
Voici ses mots :
“J’ai ordonné au secrétaire Connally de suspendre temporairement la parité du dollar en or dans l’intérêt de la stabilité monétaire et dans le meilleur intérêt des États-Unis.”
Aujourd’hui encore, la parité avec l’or n’a jamais été restaurée.
De “l’étalon or” au “pétrodollar” : à la fin, c’est les américains qui gagnent
Suite à ce couac, les États-Unis cherchent un nouveau moyen de maintenir la domination du dollar.
Nixon envoie donc son secrétaire d’État en Arabie saoudite pour conclure un accord visant à fixer le prix du pétrole en dollars.
En échange, les États-Unis fournissent une protection militaire à l’Arabie saoudite.C’est ainsi que naît le système du pétrodollar.
Le président Nixon et le roi Faisal d’Arabie saoudite en 1973
Le plan fonctionne à merveille.
En 1975, chaque nation de l’OPEP fixe le prix de son pétrole en dollars.
Ainsi, tout pays souhaitant faire des affaires avec l’OPEP doit d’abord convertir sa monnaie locale en dollars, ce qui crée une demande artificielle de dollars à l’échelle mondiale.
Grâce à ce coup de maître, le dollar se négocie encore aujourd’hui à un prix supérieur à celui des autres devises.
Et il permet encore aux Etats-Unis de se financer sur le dos des autres pays en émettant de la monnaie.
En prime, les États-Unis peuvent utiliser ce « privilège » du dollar en tant que monnaie de réserve pour imposer des sanctions économiques à tout pays qui s’écarte de leur vision du monde.
Nous l’avons vu quand le gouvernement américain a gelé les avoirs en dollars de la Russie après l’invasion de l’Ukraine.
Pire, les États-Unis peuvent exclure la Russie ou tout autre pays du réseau de paiement international SWIFT, et ainsi déstabiliser des économies entières.
Cette “épée de Damoclès” pousse des superpuissances comme la Russie, la Chine et les autres pays des BRICS à chercher des solutions alternatives.
Il a été question un temps pour les BRICS d’utiliser le Yuan pour régler des transactions pétrolières, ou de créer leur propre monnaie à partir d’un panier de devises…
Mais il y a peu de chance que ces pays arrivent à se mettre d’accord, et encore moins pour que les Etats-Unis et l’Europe acceptent d’utiliser une “monnaie des BRICS” ou chinoise.
Comme le disait Charles de Gaulle, une monnaie de réserve internationale doit être impartiale.
La Russie et le canot de sauvetage Bitcoin
La Russie a désormais intégré le Bitcoin non seulement comme actif de réserve stratégique, mais l’utilise également pour faire des paiements internationaux.
Cela marque une étape clé dans l’adoption du Bitcoin, et envoie un signal fort aux autres pays.
Avec Bitcoin en tant que réseau de paiement décentralisé et neutre, il devient de plus en plus évident que les nations peuvent éviter les restrictions imposées par le dollar et le système SWIFT.
Étant donné que le Bitcoin est décentralisé et neutre, aucun gouvernement ne peut le contrôler pour s’en servir comme d’une arme économique.
Quiconque choisit d’entrer dans le réseau Bitcoin opte pour un système où tous les participants ont les mêmes droits et où aucune sanction économique ne peut être imposée.
Et la Russie vient d’initier un mouvement global, qui va inciter d’autres États à adopter le Bitcoin pour préserver leur souveraineté financière.
Si l’hégémonie du dollar venait à s’effriter, les premiers Etats à adopter le Bitcoin bénéficieront d’un avantage stratégique considérable.
Personne ne veut se retrouver à la traîne, avec des monnaies dépréciées, lorsque la transition sera achevée.
L’enjeu est trop important.
Si cela vous intéresse, voici une liste des pays qui utilisent déjà des ressources gouvernementales pour accumuler du Bitcoin, via le minage notamment.
🇸🇻 El Salvador : 5 957 BTC achetés, Bitcoin reconnu comme monnaie légale, minage alimenté par l’énergie géothermique des volcans.
🇷🇺 Russie : Minage légalisé, projets soutenus par un fonds souverain, exploitation massive des ressources énergétiques.
🇧🇹 Bhoutan : Minage via l’énergie hydroélectrique, accumulation de réserves de BTC par le gouvernement.
🇻🇪 Venezuela : Minage étatique, infrastructures publiques utilisées.
🇴🇲 Oman : Minage utilisant des énergies renouvelables, soutenu par le gouvernement.
🇦🇪 Émirats Arabes Unis : Projets de minage soutenus par des fonds souverains, hubs régionaux à Abu Dhabi et Dubaï.
🇺🇸 États-Unis : +20 000 Bitcoins détenus, minage soutenu par des États comme le Texas, cadre légal favorable, volonté de leadership mondial exprimée par Trump
🇺🇦 Ukraine : Bitcoin accepté pour les dons de guerre, cadre légal favorable à l’utilisation des cryptomonnaies.
🇨🇭 Suisse : Cadre légal favorable, Bitcoin utilisé pour certains paiements publics, initiative publique pour miner du Bitcoin dans le canton de Berne
🇨🇳 Chine : Détient des BTC via des saisies et mine du Bitcoin via des sociétés détenues par le gouvernement.
🇰🇿 Kazakhstan : Deuxième plus grande puissance de minage mondiale, minage étatique.
Le Salvador et les obligations Bitcoin
En 2021, nous avons vu le Salvador devenir le premier pays à faire du Bitcoin une monnaie à cours légal.
Pourquoi ce changement ?
Le Salvador ne possède pas de monnaie souveraine propre : il utilise le dollar américain comme monnaie de référence, un système qui le désavantage.
Lorsque la crise du Covid a frappé les États-Unis, le gouvernement américain a imprimé de l’argent pour émettre des chèques de relance et accordé des prêts gratuits aux citoyens et aux entreprises américains.
Source : Réserve Fédérale Américaine
Cela a fait mécaniquement baisser la valeur du dollar, et le Salvador n’a tiré aucun avantage de ces mesures.
Le gouvernement du Salvador a pu seulement observer cette situation, impuissant, sans aucun moyen de la contrôler.
Le Salvador n’a évidemment pas les ressources pour construire un nouveau système monétaire mondial, neutre et suffisamment robuste.
Alors le gouvernement a simplement commencé à utiliser le Bitcoin.
Un système monétaire mondial, neutre, et impossible à manipuler.
Désormais, le Salvador profite gratuitement d’un réseau de paiement équitable, sécurisé et capable de protéger la richesse du pays.
Pour continuer sur cette lancée, le Salvador a lancé un projet pour émettre les premières « obligations Bitcoin ».
Ces obligations permettent au Salvador d’emprunter de l’argent sur les marchés, sans passer par le FMI, en échange d’un taux d’intérêt.
Source : Forbes
Ils prévoient de lever 1 milliard de dollars sur le marché libre en échange d’ un taux d’intérêt de 6,5 %.
La moitié des fonds sera utilisée pour acheter du Bitcoin, tandis que l’autre moitié sera investie dans des installations de minage de Bitcoin utilisant l’énergie géothermique.
L’idée ici est que si Bitcoin maintient son rythme de croissance (avec un taux de croissance annuel moyen de 77 % depuis dix ans)…
…le Salvador pourra facilement rembourser l’emprunt tout en finançant des infrastructures de minage de Bitcoin.
Cela pourrait faire du Salvador un leader mondial du minage Bitcoin, créer des emplois, stimuler le PIB, tout en augmentant leurs réserves de Bitcoin.
Si cette stratégie fonctionne, que pensez-vous que feront des pays comme l’Argentine, le Pérou, l’Équateur, le Venezuela, la Colombie ou le Costa Rica ?
Soyez certains qu’ils observent attentivement.
Source : CCN.com
Le premier pays prend des risques, mais dès que la stratégie commence à sembler moins risquée, les autres suivent.
C’est dans leur intérêt : passer d’un système sous la domination du dollar et des Etats-Unis, à un système plus neutre et tout aussi efficace.
Comme disait Charlie Munger, le défunt associé de Warren Buffet :
« Dites-moi ce qui motive les gens, et je vous dirai ce qu’ils feront. »
C’est la raison pour laquelle plusieurs pays prennent les devants et accumulent du Bitcoin, afin d’anticiper cette transition inévitable.
Et c’est pourquoi je suis convaincu que le Bitcoin va progressivement être adopté comme la monnaie de réserve mondiale.
Que vous ayez déjà investi en crypto ou non, c’est maintenant qu’il faut vous préparer pour profiter de cette transition historique.
Je vous reparle bientôt.
D’ici là, je vous souhaite de bons investissements

Saturnin Devins
Fondateur et éditeur de Crypto & Macro